Il y a les cicatrices que l’on voit et qui nous ont coupé les chairs et il y a celles que l’on montre parce qu’on a le droit d’en être fier(e).
Il y a celles que l’on cache par peur que quelqu’un puisse voir ce qui se passe à l’intérieur et il y a les cicatrices qui ne se voient pas et qui laissent pourtant un vide béant, une grande douleur.
En réalité, toute cicatrice a son histoire.
Et en parlant d’histoire, si nous remontons à l’origine de notre première cicatrice, nos yeux se poseront sur notre nombril.
Personnellement, j’ai souvent regardé mon nombril, non pas par orgueil, me pensant le centre du monde … peut-être était-ce tout simplement parce qu’une partie de moi a toujours su ce qu’il représentait.
Mon nombril …. ma première cicatrice.
Lui, qui nous a permis de nous nourrir, de grandir, de maintenir un lien in-utero. Puis, est venu le jour de notre naissance, où nous avons été dans l’obligation de nous nourrir autrement, ce jour où le cordon, ce lien a été coupé afin de donner sens au mot liberté et individualité.
En fait, j’ai toujours entendu mon nombril me murmurer “tu as survécu”. OUI, j’ai survécu à ce grand saut dans l’inconnu quittant ce cocon chaud, obscur et douillet pour arriver dans une pièce froide, bruyante et bien trop éclairée. Sans parler de ce moment où j’ai quitté l’eau pour respirer l’air … quel chamboulement pour un si petit enfant et pourtant j’ai survécu, vous avez survécu.
C’est bien tout cela que mon nombril me rappelle, tel un leitmotiv “fais-toi confiance, tu vas y arriver. Il n’existe aucun obstacle, juste des opportunités”.
Et puis le temps passe et d’autres cicatrices prennent place.
Sur ma main, mon visage, mon bras, ma jambe. Il faut dire que j’ai toujours aimé explorer le monde alors certaines chutes étaient inévitables. J’ai également fais connaissance avec d’autres cicatrices, beaucoup moins marrantes. Ces cicatrices que personne ne verra jamais parce qu’elles sont invisibles aux yeux et pourtant, ce sont bien elles qui m’ont si souvent donné la sensation d’être comme un de ces personnages de dessin animé, allongé dans ce lit d’hôpital, plâtré de la tête aux pieds, le corps totalement cassé sans d’ailleurs savoir si mes os viendront à se ressouder.
Alors que je me sentais prisonnière de ce lit, j’étais dans le même temps cet électrochoc de motivation et d’envies, envie de vivre et de continuer à aimer la vie. Mais la douleur voulait gagner et la vie s’effilochait.
Après avoir nourrie colère et rancoeur contre mes cicatrices, tentant même parfois de les rouvrir non pour souffrir mais pensant qu’en plongeant dedans je pourrais récupérer ce qu’elles m’avaient volé. Mais rien n’y faisait … La fatigue et la douleur étaient trop présentes parce que je luttais. Alors j’ai tenté une nouvelle approche … faire comme-ci elles n’avaient jamais été là, tentant d’oublier leur présence et par conséquent ce qu’elle m’avait volé.
Je me suis rendue compte que ce n’était pas la solution car être dans le déni c’était m’amputer moi-même de morceaux de ma vie, en essayant d’apaiser ma douleur par le déni je venais à effacer les beaux moments partagés avec ceux qui se sont envolés. Alors je me suis ravisée, je ne voulais plus oublier mais me rappeler de tous ces beaux moments, de la joie, des sourires et des éclats de rires et j’ai fais face, oui, j’ai plongé là où le courant été violent, là où les vagues étaient hautes.
Et j’ai de nouveau sentie la vie, le courage et la force qui n’ont jamais cessé de m’habiter. Cette force qui m’a souvent permise de porter, de secourir et d’aider. Ce mental, mon mental que je vois comme étant une belle qualité. Je ne suis peut-être pas une athlète au sens sportif du terme mais toujours je me suis relevée cherchant à ressentir toutes les sensations que la vie m’offrait. 
Avez-vous déjà pris le temps de ressentir physiquement la douleur ? Lors de la pratique d’un sport quel qu’il soit, ce moment où on sent tous les muscles travailler, ce moment où on ne veut qu’une chose c’est lâcher, abandonner et laisser la détente de nouveau s’installer mais il y a cette petite voix qui parle plus fort ”allez encore un petit effort, tu y es presque ne lâche pas maintenant”. Alors on continue et la douleur n’est plus, la souffrance s’est tue alors que nous sommes toujours dans l’action, à avancer, dépassant les paliers. Oui, c’est bien cela, avancer malgré tout, même si cela se fait parfois contre les vents et les marées, juste avancer, sans lutter, pas après pas, jour après jour, en observant la vie autrement, en rouvrant les volets sur ce qu’il y a de beau à regarder et se permettre de vivre en sachant que l’on ne vole rien et que la culpabilité qui générait du pus empêchant la plaie de cicatriser n’est plus.
Oui, vivre et non plus survivre. Faire de la vie une amie et non plus une ennemie. Tout ne s’accueille pas avec la joie, sinon colère, peur et tristesse viendraient à s’ennuyer mais la joie à malgré tout sa place, soyez-en certain(e)s. La vie c’est des beaux moments et des plus douloureux également, mais la vie mérite d’être vécue pleinement, la vie reste belle, vos cicatrices sont belles, elles sont une source d’apprentissages infinis sur ce que vous êtes capables de réaliser alors cessez de les dénigrer. Regardez votre nombril, il viendra vous murmurer à quel point vous êtes génial(e).
Regardez vos cicatrices non plus avec dégoût mais avec bienveillance. La douleur n’est pas un frein elle peut aussi se révéler être un excellent moteur. Je vous souhaite de regarder vos cicatrices et de leur dire MERCI.